Le cheval, noble compagnon de l’homme depuis des millénaires, suscite toujours des débats passionnés quant à sa gestion et son bien-être. Parmi les nombreuses questions qui se posent aux propriétaires, passionnés, vétérinaires et maréchaux-ferrants, le choix entre ferrer un cheval ou le laisser pieds nus fait débat. Cette décision, loin d’être anodine, influence non seulement la santé et les performances de l’animal, mais aussi son confort quotidien et sa longévité. Faut-il privilégier la tradition millénaire du ferrage, apportant protection et soutien à la corne du sabot, ou bien adopter une approche plus naturelle en laissant le pied nu ?
Avantages des chevaux pieds nus
Coût et entretien
Moins de dépenses
Opter pour des chevaux sans fers présente l’avantage de réduire les coûts associés au ferrage régulier. En effet, le remplacement périodique des fers et les services d’un maréchal-ferrant représentent une dépense récurrente pour les propriétaires. Toutefois, il est important de noter que même sans fers, les sabots des chevaux nécessitent des soins spécifiques. Ainsi, bien que l’absence de fers puisse alléger le budget, elle ne dispense pas d’une vigilance et d’un entretien rigoureux des pieds du cheval.
Un entretien différent
L’entretien des sabots pieds nus peut s’avérer moins complexe et moins coûteux que le ferrage, car il se concentre principalement sur un parage régulier. Bien que les services d’un professionnel soient nécessaires pour parer les sabots, généralement toutes les 6 à 8 semaines, le propriétaire doit également s’impliquer activement dans l’entretien. Il est essentiel de passer régulièrement un coup de râpe sur les sabots pour maintenir un roll ou un biseau de la paroi, ce qui évite une pression excessive sur la paroi externe et prévient les cassures. Cette méthode demande un investissement personnel significatif, car la vigilance et la régularité de l’entretien sont essentielles pour le bien-être du cheval.
Mouvement naturel et protection des sabots
Les fers jouent un rôle central dans la prévention des blessures et la protection des sabots des chevaux. Lorsqu’un cheval est ferré, le sabot ne subit pas de déformations, réduisant ainsi le risque de fractures de la phalange B3. Les fers offrent une protection contre une usure excessive des sabots, en particulier sur des terrains durs ou abrasifs. Selon les experts de Toubain & Clément (marque de sable pour carrière), la qualité des sols est déterminante pour décider de ferrer ou non un cheval. Sur des sols adaptés, il est possible de laisser les sabots nus, mais il faut être prudent sur d’autres types de terrains où les risques sont plus élevés.
Adaptation physiologique
La transition vers des sabots pieds nus nécessite une rééducation soigneusement encadrée par des professionnels. Cette période d’adaptation doit être progressive, permettant au cheval de s’habituer à différents types de sols, des plus mous aux plus durs et pointus. Une mauvaise gestion de cette transition peut rendre certains terrains difficilement praticables pour le cheval. Les soins et la vigilance sont donc essentiels pour garantir la santé et le confort du cheval durant cette phase d’adaptation.
Les chevaux pieds nus peuvent bénéficier d’une adaptation physiologique naturelle, favorisant un mouvement plus libre et une meilleure circulation sanguine dans les membres, bien que ce bénéfice soit souvent débattu et dépende largement du terrain. Certains soutiennent que, pieds nus ou ferrés, le pied du cheval est suffisamment stimulé pour maintenir une bonne circulation sanguine, souvent qualifiée de “cœur secondaire”. Lorsqu’un cheval pieds nus marche, la pression exercée au sol peut provoquer une expansion du sabot, contribuant à cette stimulation et à la santé générale du pied. Cependant, l’ampleur de ces avantages peut varier en fonction du type de terrain sur lequel le cheval évolue.
Réduction des blessures
L’absence de fers peut réduire le risque de blessures causées par des clous mal ajustés ou des fers mal fixés. En laissant les chevaux pieds nus, ils sont moins susceptibles de se blesser lorsqu’ils interagissent avec des congénères au pré. En cas de coups de pied, les impacts sont moins graves sans les fers. Cette réduction du risque s’étend également au travail, où des fers mal ajustés peuvent causer des problèmes. De plus, sans les fers, les chevaux portent environ 700 grammes de moins par pied, ce qui peut contribuer à une sensation de légèreté et à une diminution de la fatigue.
Avantages des chevaux ferrés
Protection et soutien
Protection des sabots
Les fers offrent une protection fondamentale pour les sabots, particulièrement sur les terrains difficiles. À travers le monde, différentes cultures ont compris l’importance de protéger les sabots des chevaux. Par exemple, en Afrique, même en l’absence de maréchaux-ferrants, des matériaux comme des morceaux de pneus sont cloués aux sabots pour les protéger. Cette pratique illustre l’ingéniosité et la nécessité de préserver la santé des sabots dans des conditions variées. Sans cette protection, les propriétaires de chevaux peuvent être contraints d’utiliser des floating boots pour offrir une protection temporaire lors des sorties sur des terrains abrasifs ou accidentés.
Amélioration des performances
Les fers, qu’ils soient en aluminium ou en acier, peuvent jouer un rôle capital dans l’amélioration des performances de certains chevaux de sport. Les fers en aluminium, comme ceux proposés par Jean Marie Denoix, sont plus légers et peuvent offrir un soutien accru sur certaines surfaces, en particulier en corrigeant les pathologies et les aplombs du cheval. Cette correction peut améliorer le départ du pied et, dans des disciplines comme le saut d’obstacles (CSO), permettre de gagner de la vitesse, notamment dans les virages.
Dans les concours complets d’équitation (CCE), qui comprennent le cross, le saut d’obstacles, et le dressage, la protection et le soutien offerts par les fers sont encore plus capitaux. En cross-country, par exemple, les chevaux non ferrés risquent de glisser sur l’herbe, ce qui peut être extrêmement dangereux. L’utilisation de fers avec des crampons, comme ceux de Fastuds, disponible chez Michel Vaillant, est donc décisive pour assurer une adhérence optimale et la sécurité du cheval et du cavalier.
En dehors des courses, où la vitesse est primordiale, la priorité dans d’autres disciplines est souvent la protection et le soulagement des pieds du cheval. Dans le saut d’obstacles, par exemple, les fers aident à absorber les chocs et à soutenir les sabots, ce qui est élémentaire pour prévenir les blessures et maintenir les performances du cheval à un niveau optimal.
Correction des pathologies
Orthopédie équine et corrections kinésithérapiques
Les fers jouent un rôle vital dans l’orthopédie équine, permettant de corriger certains aplombs des sabots et des membres et ainsi prévenir des problèmes de locomotion à long terme. Le terme “orthopédie” vient du grec “orthos” (droit) et “paideia” (éducation), indiquant la pratique de corriger ou de prévenir les déformations du squelette et des muscles. Cette discipline, essentielle en médecine humaine, trouve également son application en médecine vétérinaire pour les chevaux. Jean Marie Denoix parle plutôt ici de corrections kinésithérapiques.
L'importance des fers selon les pathologies
L’importance des fers dans la correction des aplombs et des pathologies est notable. Par exemple, un cheval souffrant de fourbure ne peut pas être correctement traité en restant pieds nus. Les fers offrent une solution efficace pour gérer cette condition. De même, dans le cas de pathologies naviculaires (syndromes podotrochléaires) impliquant l’os naviculaire et les tendons associés, ainsi que dans les tendinopathies, les fers peuvent grandement aider. Ils permettent de maintenir ces chevaux en activité en réduisant la douleur et en offrant un soutien structurel aux sabots.
Un expert comme Jean Marie Denoix a développé des fers spécifiques pour répondre à ces besoins orthopédiques. Son expertise montre que l’utilisation de fers adaptés peut prolonger la carrière active des chevaux souffrant de diverses pathologies, assurant ainsi leur bien-être et leur performance.
Les défis des deux approches
Pieds nus : défis à relever
Terrain et conditions climatiques
Les chevaux pieds nus peuvent présenter une vulnérabilité accrue sur des terrains extrêmement durs, rocailleux, glissants, ou même sur des sols mous et humides.
La gestion des pieds nus nécessite une attention particulière aux fourchettes, une préoccupation majeure pour les propriétaires. En contact direct avec le sol, les fourchettes peuvent être exposées à des bactéries potentielles, augmentant ainsi le risque de dommages et d’infections. Comparativement aux chevaux ferrés, les chevaux pieds nus sont plus susceptibles de souffrir de problèmes de fourchettes abîmées et nécessitent donc des soins réguliers pour maintenir la santé et le confort des pieds.
Période de transition
La transition vers des pieds nus pour un cheval nécessite une phase délicate où l’animal peut être plus sensible. Il est crucial d’initier une rééducation progressive pour renforcer la corne du sabot, en commençant par marcher sur des surfaces plus dures comme le bitume. Cette transition doit être planifiée avec soin et accompagnée par des professionnels afin d’assurer un ajustement progressif, en douceur. Par exemple, après le bitume, le cheval peut être progressivement exposé à des terrains de plus en plus difficiles, incluant des sols avec des cailloux de tailles variées. Cette approche méthodique aide à prévenir les blessures et à garantir que le cheval s’adapte efficacement à ses nouveaux pieds nus. Sans une transition adéquate, il peut être nécessaire de revenir aux fers pour éviter toute détérioration de la santé des sabots.
Pieds ferrés : inconvénients potentiels
Risques de blessures
Les fers mal ajustés ou les clous mal positionnés, notamment lors du brochage où un clou est enfoncé et replié sur la paroi du sabot, peuvent entraîner des blessures graves ou des infections chez les chevaux. Ces risques ne se limitent pas seulement aux manipulations par les maréchaux-ferrants, mais peuvent également survenir lors d’incidents au pré avec d’autres congénères ou même en solo.
Déferrage possible
Il n’est pas rare que les chevaux se défèrent accidentellement en se marchant dessus, ce qui peut endommager le pied et la corne, rendant ainsi les prochains ferrages plus difficiles. Dans de tels cas, des solutions comme le Hoofcast de Mustad peuvent être recommandées pour protéger et soutenir le sabot pendant la période de récupération. Il est également conseillé d’utiliser des suppléments tels que la biotine et des onguents spécifiques pour favoriser la santé et la croissance de la corne du sabot.
Entretien coûteux
Le ferrage régulier impose un coût d’entretien significatif, nécessitant l’intervention d’un maréchal-ferrant qualifié toutes les 6 semaines environ. En comparaison, entretenir un pied nu requiert également un parage régulier pour râper la corne, mais peut être géré par le propriétaire entre les visites du professionnel. Cette autonomie réduit considérablement les dépenses, rendant l’entretien des pieds nus bien moins onéreux que le ferrage traditionnel.
Alors ferrer ou non ferrer ? Telle est la question....
Pour conclure, le choix entre pieds nus et pieds ferrés dépend de nombreux facteurs, y compris les activités du cheval, ses conditions de vie, et les préférences du propriétaire. Chaque approche a ses avantages distincts et ses défis, et il n’existe pas de solution universelle.
Vous avez encore des questions ?
Les chevaux peuvent-ils vraiment performer sans fers ?
Oui, de nombreux chevaux pieds nus performent à haut niveau, bien que cela dépende de leur condition et du terrain. Ainsi, des stars comme Julien Epaillard et l’écurie suédoise Henrik von Eckermann et King Edward en sont des exemples.
Combien de temps faut-il pour qu'un cheval s'adapte à être pieds nus ?
La période d’adaptation peut varier de quelques semaines à plusieurs mois, selon la santé initiale des sabots et les conditions de vie du cheval. (son activité et sa rééducation)
Les fers endommagent-ils les sabots à long terme ?
Si les fers sont correctement posés et entretenus (ferrage régulier), ils ne devraient pas causer de dommages à long terme. Cependant, un ferrage non adapté peut entraîner des problèmes comme un parage non adapté
Peut-on alterner entre pieds nus et pieds ferrés ?
Certains propriétaires choisissent d’alterner entre pieds nus et pieds ferrés, selon les saisons ou les activités spécifiques de leur cheval. Cette pratique nécessite une planification minutieuse et une gestion attentive, notamment en respectant un calendrier précis pour le ferrage et le déferrage, en tenant compte du temps d’avalure (4 à 8 mm de croissance de la corne par mois). Cette approche permet de bénéficier des avantages des deux méthodes tout en adaptant le traitement aux besoins évolutifs du cheval.